Strip-till et herse à paille « J’ai changé de matériel pour m’adapter aux aléas climatiques »

« Je ne travaille ma terre que là où je veux positionner la graine. » Depuis 2017, Damien Lidon sème la majeure partie de ses cultures en travaillant le moins possible son sol. Sa ferme située à Averdon dans le Loir-et-Cher s’étend sur 350 hectares, dont entre 100 et 150 sont irrigables. « Mon assolement se partage entre blé tendre, blé dur, orge de printemps et d’hiver, maïs, tournesol et haricot de semence. Avant de me tourner vers le strip-till, je semais en TCS avec un déchaumeur à disques indépendants couplé à une trémie portée avant. Mais cette technique devenait de plus en plus compliquée à mettre en œuvre en raison des grandes périodes de sécheresse. De plus, j’ai vécu des années catastrophiques pour l’implantation du colza, comme en 2018 où le sol était tellement sec que je n’ai pas pu semer. J’ai donc cherché une solution pour arriver à semer correctement sans dessécher ma terre et altérer sa qualité », explique Damien.

Semer en toutes conditions

Contrainte supplémentaire qu'il s'était fixée, l’agriculteur recherchait un semoir suffisamment polyvalent pour semer le blé au début de novembre, quand les conditions sont peu favorables. « C’est là que je me suis inspiré des techniques anglaises. Leur climat étant plus humide qu’ici, ils ont un laps de temps beaucoup plus court pour implanter leurs cultures. De plus, ils gèrent 10 tonnes de paille à l’hectare, alors que je dois composer avec 4 à 5 tonnes au maximum. Je sais aussi que les Anglais ont eu des problèmes avec le vulpin bien avant que nous rencontrions des problèmes de ray-grass et je pense que le strip-till les a aidés à limiter la casse. C’est pour cette raison que je me suis tourné vers un semoir britannique », précise le chef d’exploitation.

La dent, le cœur de la technique

Damien a donc acquis un semoir strip-till Hybrid M6 Claydon. Ce dernier fonctionne sur le principe d’une dent fissuratrice qui décompacte le sol à une profondeur située entre 0 et 15 cm pour faciliter l’enracinement et l’aération. Ensuite, sur le même bâti, une dent semeuse montée sur ressort vient placer la graine dans le sillon. « J’observe beaucoup mes champs à la bêche et en regardant la terre, j’ai deux curseurs pour évaluer la vie de mon sol : le travail biologique et le travail mécanique. Lorsque je constate que ma terre manque de travail biologique, alors j’ai la dent fissuratrice pour rattraper. Inversement, quand ma terre ne se referme pas, c’est qu’il y a de l’activité biologique. À ce moment-là, je remonte la dent pour travailler moins profondément. Je me sers de la paille comme couvert. Cette dernière évite l’évapotranspiration. La fraîcheur est ainsi retenue dans le sol sous ce matelas de paille. Moins le sol est travaillé, moins il se dessèche », précise Adrien. Avec cette technique, il gagne petit à petit en résilience de sol et réussi à faire lever les colzas sans irrigation et avec moins de 10 mm d’eau. Adrien estime que lorsqu’il travaille la terre, il y a besoin de 25-30 mm. « Le colza se plaît et démarre dans un sol frais. C’est pour ça qu’une herse à paille fait partie intégrante de mon système », rappelle l’agriculteur.

La paille sert de couvert

Généralement, il attend une petite pluie après la moisson pour utiliser sa herse à paille de 7,5 m de largeur, composée de 5 rangées de dents à réglage hydraulique. « Le réglage de l’agressivité des dents s’effectue en fonction du ressenti et du travail effectué. Il faut que les pailles se répartissent bien sans bourrer, tout en laissant les dents vibrer correctement. La paille doit sortir uniformément de la herse. Parfois, ça se joue au millimètre. Il faut trouver un certain équilibre entre la tension des dents à l’avant et celles à l’arrière. Au début, ça demande un peu de doigté », résume Damien.